Une église troglodytique à l’architecture rare et insolite ….
Le village d’Haute-Isle est entièrement creusé dans la roche crayeuse. Il appartient archéologiquement au groupe des villages troglodytiques que l’on voit sur les bords de la Seine, du Loir, de la Loire et des Falaises maritimes de la Charente.
L’église troglodyte comprend une nef unique de 23 mètres de long, surmontée d’une voûte en berceau de plein cintre, élevée de 8 mètres au-dessus du sol. Le chevet est en forme de triangle tronqué. Celle-ci fût creusée en 1670 sur une durée de 3 années.
La façade méridionale est percée de cinq fenêtres et d’une porte, séparées par des piliers épargnés dans la masse rocheuse. Une septième ouverture a été utilisée pour abriter le monument aux Morts de la Grande Guerre (1914-1918).
Les baies, en plein-cintre, sont nues, sans moulures ni ornementations, telles que nous les trouvons dans certaines régions du Centre et du Midi où le style gothique et celui de la Renaissance n’ont guère eu cours, et où la tradition romane s’est perpétuée jusqu’à nos jours en se simplifiant jusqu’à l’aridité.
Cette modeste mais si originale église renferme, chose assez inattendue, des œuvres d’art de premier plan.
Le fond est occupé par un retable taillé en plein bois, à colonnes torses ornées de feuilles de lierre et de laurier, avec des statues en demi-relief, mutilées à la Révolution. Au fronton est encastré un beau tableau de l’Assomption attribué à un élève de l’école Murillo.
Par-devant règne une superbe grille de chœur (Jubé), qui atteste le bel art du XVIIème siècle. Ces deux œuvres proviendraient de la Sainte Chapelle du Palais de Justice de Rouen. Au-dessus de l’église a été édifié un petit clocher qui émerge du sol à la façon de celui de Brantôme et produit dans le paysage un effet singulier. Un trou creusé dans le sol fait communiquer le bas du clocher avec la voûte de l’église et permet le passage des cordes de la cloche.
Celle-ci porte l’inscription suivante :
« L’an 1844, j’ai été bénite par M.Charles-Joseph BAUDIN, curé de la Roche Guyon et nommée Julie Augustine par M. Jules Edouard Guerbois mon parrain et dame Augusta Joséphine Julie Lapillb, ma marraine, en présence de M. François Combelle, maire, et de M. Pierre Huppé adjoint, Gallois fondeur à Paris. »
Comme ornementation, un Christ en croix, une Vierge à l’Enfant, des grecques et des palmettes.Il y aurait eu jadis deux cloches, fondues avec celles de la Roche-Guyon à la Révolution.
Deux petites ouvertures situées à l’extrémité orientale éclairent la sacristie ; l’une d’entre elles est probablement une ancienne porte, rapidement inutilisée.
L’entrée a récemment été protégée des chutes de silex par un auvent en bois, travail d’un artisan du pays.
Entrons à l’intérieur, la nef est lumineuse car bien éclairée par les larges fenêtres qui s’ouvrent au Sud. La température est quasi constante au fil des saisons (13/16°).
Le sol est partiellement recouvert de tomettes anciennes. Les parois, du sol au sommet de la voûte, sont maintenant en craie. Autrefois, elles étaient recouvertes d’un enduit épais qui portait même une corniche à mi-hauteur. Les vieilles cartes postales nous montrent l’effritement progressif du plâtre au cours du siècle passé. Il en subsiste, toutefois, ces innombrables petites cavités dans lesquelles des fragments de tuiles ou de poteries sont restées scellés et qui servaient à solidariser mur et enduits.
La nef est divisée en deux parties. Avant celle-ci et face à la porte s’ouvre curieusement car loin du cœur une chaire réduite à un escalier tournant et à une niche creusée dans la roche. A gauche on peut remarquer les fonts baptismaux.
Dans le chœur, sur la paroi Nord, à gauche se détache une inscription magnifique qui nous rappelle que nous devons l’église, la sacristie, le retable, le presbytère à Nicolas Dongois et son épouse Françoise Le Marchand.
Le mobilier est simple mais ancien, les petits tabourets sont déjà visibles sur les plus anciennes photographies de l’intérieur de l’église. En levant les yeux vers la clef de voûte il est possible de lire la date de 1891 qui rappelle la dernière restauration de l’enduit qui habillait l’église. Entre le retable et le jubé, existe une sépulture qui renfermerait les restes du premier curé de Haute Isle inhumé en 1679.
L’église, inscrite à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques (ISMH) depuis 1926, a fait l’objet d’une réhabilitation par la commune de Haute Isle : du dallage intérieur, de la rénovation du Jubé, la toile peinte par un élève de l’école de Murillo ainsi que la réfection de la grille extérieure.
- Source provenant de PERSEE – Armand Viré – Le village troglodytique de Haute Isle (Seine & Oise) 1931
- Source Wikipédia – L’encyclopédie libre
- Village troglodytique de Haute Isle – Source provenant de l’INA – Journal de Paris – Année 1964
- Commune de Haute Isle